Grippe aviaire Les petits élevages mieux pris en compte

« Les solutions proposées face à l’épizootie d’IAHP sont adaptées à l’élevage industriel, mais pas aux petites structures. » Partant de ce constat, la Confédération paysanne a organisé un colloque de deux jours sur la grippe aviaire, les 7 et 8 novembre 2017 à Pau (Pyrénées-Atlantiques) pour débattre avec des experts de l’Anses, de l’Itavi et de la DGAL, et chercher les solutions à apporter.

Dérogations pour les petites structures

Anne Bronner, cheffe du bureau de la santé animale de la DGAL, réaffirme qu’il n’était « pas tolérable de laisser les virus IAHP en circulation, pour éviter de nouveau une telle crise », sans compter les risques pour la santé publique. Ce qui n’a pas manqué de susciter quelques remous dans l’assemblée.

Pour autant, elle a redit que l’État essaie, dans la mesure du possible, de tenir compte des contraintes du terrain, pour tous les modes de production. Ainsi, des dérogations ont été acceptées pour les élevages autarciques et en production continue : un sas unique pour l’exploitation (et non par unité de production), pas d’obligation de bande unique, un confinement obligatoire uniquement au-delà de 3 200 volailles, la baisse prochaine du nombre d’analyses PCR à faire en cas de mouvements d’animaux…

Un guide de biosécurité

Pour aider les aviculteurs, un guide sur la biosécurité, élaboré avec l’appui de l’Itavi, devrait être prochainement validé. Destiné aux éleveurs de volailles de petite taille, en autarcie et en circuit court, il propose des solutions pour tenir compte des spécificités des petites structures.

Anne Richard, directrice de l’Itavi, a rappelé qu’il existe des fiches techniques pour tous les modes de production (1), avec un système d’alerte par courriel pour informer des modifications au fil du temps. Gilles Salvat, de l’Anses, a par ailleurs confirmé que des kits de diagnostic moins coûteux seraient bientôt à disposition. Ils sont en cours de validation.

Se rassembler

Ce colloque était également l’occasion de réfléchir aux rapprochements possibles entre structures (la Confédération paysanne mais aussi le Modef, la Fnab, le Cnada – Comité d’action et de défense des aviculteurs –, les associations de consommateurs telles les Amap, et la Coordination rurale), afin de défendre les intérêts des petits producteurs. Associatif, interprofessionnel, collectif… la forme reste encore à définir.

Patrick Mille, directeur du Cnada, s’est également inquiété de la forte pression de la part des États membres de l’Europe du Nord, gros producteurs en filières « industrielles » et opposés aux systèmes de plein air. Les normes qu’ils tentent d’imposer à Bruxelles seraient inapplicables pour des petites structures.

Monter en gamme

Parmi les principales revendications, un retour vers une production de haut de gamme a été largement évoqué. Au passage, les trois principales coopératives de la filière du foie gras en circuit long, Euralis, Maïsadour et Vivadour, ont été largement critiquées pour leur responsabilité présumée dans la propagation du virus, et pour l’absence de remise en cause réelle de leur système de production « industrielle de foie gras, impliquant gros élevages, spécialisation et transports importants des animaux ».

Pour insuffler cette réorientation, il faut aller chercher l’appui des consommateurs. Mais aussi, comme l’a rappelé Laurent Pinatel en concluant le colloque, sur les États-généraux de l’alimentation et le discours d’Emmanuel Macron a Rungis appelant les filières agricoles à effectuer une « montée en gamme ».

E.C.

(1) Disponibles sur le site influenza.itavi.asso.fr.